Des mots sur les maux. Tricotés avec fébrilité et verve, dans une démarche mêlant l’esthétique du théâtre de l’absurde à des techniques du théâtre clown, le tout au scalpel de dialogues incisifs. « Les Bonnes », pièce créée en octobre 2016 et qui sera jouée en sélection officielle du Masa 2018, est dans la veine des productions antérieures de la compagnie Dumanlé qui, dès ses débuts en 2012 n’a de cesse de jeter une lumière crue sur les déliquescences qui minent la société.
Après Ma rivale, Cond’hommes, En mode célibattante, « Les bonnes » donne à voir et à entendre cette fois les intrigues et les tragédies qui se nouent dans le monde voilé des domestiques. Quid de la pièce ?
Madame est bonne, madame est riche, madame est belle, madame est généreuse… Est-ce la raison pour laquelle Solange et Claire ses deux bonnes décident de la tuer ?
Dans un décor minimaliste, le jeu énergique et les répliques acerbes de Kompaoré Rebecca Tindwindé et Guéhi Eve Sandrine (les bonnes) happent le spectateur pour l’entrainer dans les dédales des cogitations tout sauf simplistes du personnel de maison. Ce qui donne à voir que, d’où que l’on se situe dans l’échelle sociale, le désir et l’amour peuvent faire place à une haine des plus violentes et conduire vers des situations mêlant à la fois tragédie, drame et comédie.
YOLANDE ABY