Une femme jouant du N’Goni. Pour les puristes et gardiens de la tradition, ça fait bizarre. Que non ! La passion aidant, tout en ayant les codes et les briser, jouer avec dextérité jusqu’à en porter le nom, l’on en est séduit. A bas le tabou ! En provenance du pays des hommes intègres, Rama N’Goni, de son vrai nom Alimatou Diakité a séduit – de par son jeu et sa maîtrise de la scène – le public, lors de la deuxième journée du Marché des Arts du Spectacle d’Abidjan (MASA).

En cette journée du 8 mars 2020,dédiée à la femme, c’est à Rama qu’est revenu l’honneur de lever le rideau du live au MASA. Sur la scène 2 (qui alterne avec la une) de l’esplanade du Palais de la Culture d’Abidjan-Treichville, le son du N’Goni, joué généralement par les hommes de castes (chasseurs ou dozo) dans le nord de la Côte d’Ivoire et dans des pays de la sous-région, prend ses droits. Les initiés ou ceux sensibles à cette sonorité y accourent. La voix qui fait écho sur le site, attise la curiosité de certains festivaliers partagés entre plusieurs scènes du MASA contraste avec la personne qui joue l’instrument. Rama, un pur talent.

Une voix qui interroge. Venue de Nairobi, au Kenya, Lucy Ilado, journaliste culturel et manager d’artistes, qui ne comprend pas le chant en est séduite. Oumou Sangaré lui vient à l’esprit. Lucy n’a pas tort, la célèbre chanteuse malienne est l’idole de Rama. A la différence que Rama joue d’un instrument, chante (comme Oumou) et prend plaisir à danser. Quand elle laisse son N’Goni pour le chant, Moumouni Coulibaly joue à la Kora. Le public venu découvrir n’en demande pas mieux et la communion passe avec Rama, fleuron de la musique mandingue burkinabè. Elle a développé des thèmes autour de la mort, l’amour, le mariage, etc. Rama était accompagnée par Achille Nakoulma (batterie), Wottia Dembélé (guitare basse), Mohamed Sanou (piano), Moumouni Coulibaly (djemé, tamtam et Kora). Les chœurs sont assurés par Aminata Dembélé.

Koné SAYDOO