Avec une remarquable présence dans la programmation du MASA 2020, les arts de la marionnette se révèlent porteurs de message et dénonciateurs avec de l’engagement comme fil conducteur. La galerie la Rotonde des arts au Plateau a accueilli trois spectacles de marionnette ce jeudi 12 mars. Le premier spectacle est donné par la compagnie Djarama du Sénégal. Patricia Gomis est sur scène avec des personnages de marionnette et accompagnée de percussions. Son jeu met le projecteur sur la thématique des enfants mendiants à la solde de marabouts généralement censés leur enseigner le coran. Des enfants contraints et frappés jusqu’aux blessures voire à mort. Le nombre d’enfants concernés est estimé à 30 mille au Sénégal apprend-on pendant le spectacle et on sait que ces jeunes âmes remplissent dans les grandes villes du pays à mendier pour le compte de leur maître.
La dénonciation de ce fléau à travers un spectacle de marionnette rend à cette discipline artistique sa noble place et à l’Afrique ses chances d’arriver à bout de certains maux par l’art. L’engagement de la marionnettiste pour le bienêtre des enfants ne date pas d’aujourd’hui car Patricia Gomis initie les enfants des rues au jeu théâtral et parcourt des hôpitaux avec son clown pour donner de la joie de vivre aux enfants souffrants.
C’est la compagnie Divines Marionnettes du Bénin qui prend le relai en drainant le public vers une autre salle de la Rotonde des arts. La création s’intitule Toro au royaume des animaux. « Les hommes ont plutôt coutume de tuer les animaux et vous, vous m’avez sauvé la vie », avec ces propos du lièvre que Toro vient de sauver d’un piège, le ton de l’engagement est donné ici dans le sens de la défense de la faune. Toro, un jeune-homme à qui la vie des animaux tient à cœur aide ensuite une famille de caïmans qui, en retour, tentent de le manger. Mais, le roi lion intervient puis écoutera la voix de la sagesse en ne permettant pas cette injustice. On verra la communion entre homme et animal qui peuvent vivre ensemble selon la compagnie Divines marionnettes du Bénin. Chants percussions et danses ont clos ce spectacle qui a impliqué le public avec l’invitation à danser.
Venus du Burkina-Faso, les marionnettistes de la Compagnie du fil véhiculent le message du travail dur pour sa patrie sans tambours ni trompettes. Un journaliste veut faire un reportage sur un grand chantier et sa rédaction un direct afin de faire vivre ce qui se passe à l’opinion publique. Mais, ce sera un refus catégorique du responsable en charge de l’exécution des travaux sur le chantier. Il n’est un secret pour personne que la communication à grande pompe sur les actions que mène un gouvernement est faite au niveau des États au détriment des résultats pour le bienêtre des populations. On peut remarquer combien les arts de la marionnette constituent-ils un vecteur de conscientisation des peuples.
Eric AZAnnEY (Bénin)