Notre invité de ce jour a pour nom, Meiway. Artiste de la Côte d’Ivoire, il est à la fois auteur, compositeur, interprète, arrangeur et producteur. Il nous donne son avis sur la rémunération pour copie privée.
« […] La rémunération pour copie privée, qu’est-ce à dire ? J’achète un Cd légal, ce qu’on appelle ici un Cd stické. Arrivé chez moi, j’ai le droit de copier ce Cd sur mon ordinateur. C’est aussi un droit. J’ai le droit de copier à partir de mon ordinateur le contenu de mon Cd sur, par exemple, une clé Usb. C’est mon droit, cela [copie] reste personnel. Le week-end, je décide d’aller à Assinie [Ndlr :ville balnéaire]. J’invite un ami. Je prends avec moi ma clé USB. Sur la route, dans la voiture, on l’écoute. Et, mon ami, qui apprécie la bonne sélection, me demande ma clé. Là, le droit nous échappe. Voilà le petit détail que je voudrais vous expliquer. Quand vous passez à votre ami qui ne l’a pas acheté la clé Usb, vous devenez ‘’pirate’’ [d’œuvre de l’esprit]. L’ami fera une autre copie chez lui à la maison. Demain, votre petite amie, qui appréciera la sélection, en fera de même. Voilà où on en est.
C’est ce manque à gagner qu’on essaie de gagner avec la rémunération de la copie privé. Les lois existent. Nous voulons simplement qu’elles soient appliquées. C’est cet éclairci que je voulais faire. Un autre exemple, je suis [Meiway] auteur, compositeur, interprète, arrangeur, producteur. Le défunt Johnny Halliday, l’icône de la musique française, est juste un interprète. Donc, je devais être cinq fois plus riche que lui. Mais, lui [Johnny], il l’est cinq fois plus que moi – pour ne pas dire dix fois plus. Je ne voudrais pas exagérer. Mais, pourquoi ? J’écris mes chansons, je les compose, je les arrange, j’en suis le producteur. Je suis l’interprète et lui [Johnny], il est juste un interprète. On lui écrit ses chansons. On lui fait ses musiques. Il a un arrangeur. Il y a même un producteur pour lui. Mais, il est plus riche que moi. Vous imaginez le manque à gagner pour les artistes africains. Pitié. C’est juste un plaidoyer auprès de nos Etats respectifs : qu’ils fassent juste appliquer la loi ! C’est tout ce qu’on leur demande. »
Propos recueillis par Esckil AGBO, envoyé spécial à Abidjan