La slameuse canadienne Sabina Romy a foulé la scène de la salle Niangoran Porquet pour sa première prestation à cette 13ème édition du MASA.
Par Luc-Hervé N’KO
Elle était face à un nombreux public. Flanquée de deux musiciens – dont l’excellent percussionniste Karl Henry Brezault –, elle a offert son spectacle intitulé « Woyo ».
« Dans la mythologie de la création chez les Bantus, Woyo incarne le flot de vie qui coule en chacun de nous », explique-t-elle. C’est d’ailleurs cette magie qu’elle a communiquée par la force du verbe. « Les mots que je dis sont plus gros que ma personne » !
Portée par cette certitude, elle prend la parole, débite son verbe, légèrement mélodieux – du fait de son accent québéquois -, elle se livre à son jeu favori, celui d’instrumentaliser ses émotions et son ressenti, « le slam est l’instrument que j’ai choisi pour dire la beauté de mes liens au monde », affirme-t-elle.
Une heure durant, la tension n’est jamais vraiment retombée. Sabina Romy a toujours gardé le contrôle du partage de ses émotions avec son public, débitant son texte, grave et austère, souvent gai et teinté d’optimisme, dans un quasi-parfait exercice de mémoire. On aurait dit un poème au long court ou un conte-slam, illustrant parfaitement l’adage bien connu qui nous enseigne que les choses qui se conçoivent bien se disent aisément sans chercher les mots, parce que, soutient-elle encore, « mes textes sont tirés de mes expériences personnelles, de ma manière de me relier à la vie. Et cela me paraît tellement beau qu’il fallait que j’en parle au monde ! »
En alternance ou en parfaite symbiose tout au long de ce spectacle plaisant, les rythmes et la marche des mots qui lui sortaient de la bouche, tels les flots réguliers et ondulants d’un paisible cours d’eau, ont été les parfaits compagnons des instruments de musique sur la scène. Les complaintes de la flute du berger peuhl, le tambour aux accents des danses de la forêt ont guidé la « diseuse de paroles » et son public vers des terres aux couleurs différentes. C’est que la proximité du public – la salle bâtie sous forme de colisée de 300 places – y est pour beaucoup dans la réussite de cette belle rencontre artistique et conviviale, « pour dire la magie du vivant» !
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Avec les photos des stagiaires de la formation animée par le photographe Dorris Haron Kasco organisée par le MASA.