Pays invité d’honneur à la 13ème édition du Marché des arts du spectacle africain d’Abidjan (MASA), le Rwanda est représenté avec le Ballet national et une troupe théâtrale.
by Koné Seydou
Après une prestation à la cérémonie d’ouverture le samedi 13 avril et une autre le lundi 15, à la salle Christian Lattier au terme de la table-ronde Focus Rwanda – « L’impact des arts et de la culture dans le processus de développement : l’exemple du Rwanda » –, le Ballet sera, ce mardi, sur scène à la Place Inch’Allah de Koumassi (Abidjan).
Depuis leur présence, les Rwandais sont heureux que leur culture soit appréciée du peuple ivoirien. Focus sur le Ballet national qui séduit les nombreux spectateurs au MASA.
Patrimoine national du Rwanda, le Ballet national est une sélection des meilleurs artistes (danseurs et danseuses) issus de différentes troupes représentatives des régions du pays. De troupes de danse, il y en a une multitude. L’on peut ainsi voir certains groupes de danse vêtus de jaune, rouge ou de noir.
C’est peu de le dire, mais le Ballet national, une fois à l’étranger, lors des prestations scéniques, endosse une casquette de diplomate culturel en vue de mieux vendre le Rwanda et sauvegarder l’héritage du pays. Cependant, pour intégrer le Ballet, il faut, précise Massamba Intore, le directeur artistique, être le « meilleur des meilleurs » et être polyvalent. En général, le Ballet est présent lors de festivités et cérémonies étatiques ou rencontres VIP.
Au MASA, le Ballet y présente quatre aspects (tambours, danse exécutée par les filles marquée par un rythme lent, gestuelle gracieuse et la danse des garçons (intore – danse guerrière) et les chanteurs. A l’occasion de la cérémonie d’ouverture le samedi 13 avril, munis de sagaies (lances) et de coiffes particulières, l’occasion a été donnée de voir le intore avec les danseurs remettant leurs lances aux autorités ivoiriennes présentes, dont le Premier ministre, Robert Beugré Mambé. Une symbolique qui n’a pas échappé aux regards.
« C’est la danse qui montre la bravoure, explique Massamba, la joie quand on vient d’une bataille ou d’une guerre. Face au roi, c’est comme si le danseur lui faisait un rapport ».
Au-delà du spectacle, le discours scénique (chant, langage des tambours et danse) est d’une importance. La chorégraphie enseigne que le Rwanda, a été meurtri par le génocide contre les Tutsi. Ainsi les arts vivants, à travers le Ballet, témoignent de ce que le pays dans sa reconstruction après 1994 est né de nouveau. Et, dans sa phase de reconstruction, mieux que les discours politiques, la danse a été un vecteur important.
Aujourd’hui, le Rwanda est un pays unifié bien que héritier d’un passé douloureux. Mais, « vivre avec le passé n’est pas une tare, c’est une force », admet la ministre de la Culture rwandaise.
Parce que la danse doit être conviviale, d’habitude, commente Massamba, « quand on a fini de présenter le spectacle, on range nos instruments et on accorde deux minutes de convivialité avec le public pour créer une synergie avec le pays d’accueil ».
Ainsi, le Ballet national représente en tout lieu le patrimoine culturel et la tradition du Rwanda. « Chez nous, souligne Massamba, chaque région a une musique et une danse appropriées ». C’est en somme cette richesse culturelle que le Ballet national s’approprie et la présente avec technicité dans une chorégraphie qui raconte une histoire. « La particularité du Ballet, précise le directeur artistique, est de mettre ensemble danse, chant, poésie de toutes les régions du Rwanda, dans le but de monter un spectacle ». Pas étonnant, les spectacles changent d’un spectacle à un autre et d’un pays à un autre. Le spectacle présenté en Côte d’Ivoire ne sera pas le même que celui présenté Canada où le Ballet va bientôt se produire. Les traditions n’étant pas les mêmes, « on s’adapte au pays d’accueil pour ne pas s’éloigner de la culture, précise Massamba. On essaie de visionner le pays [Rwanda] à travers la danse et le chant ».
Directeur artistique du Ballet national depuis cinq ans, Massamba Intore est un artiste-musicien de renommée au Rwanda. Jouant du cithare (Inanga) et du piano, il qualifie sa musique de tradi-moderne. L’Afro Kacondo, son style de musique, est un mélange de jazz, blues et de musique traditionnelle rwandaise. Son chant est inspiré du Gacondo, le chant rwandais. Aussi met-il en exergue le tradi-gacondo. Au sein du ministère de la Culture et de l’Unité nationale et l’Expression scénique, il intervient au département chargé de l’Héritage culturel du Rwanda.
Téléchargez le journal du MASA – édition du 16 avril 2024
Avec les photos des stagiaires de la formation animée par le photographe Dorris Haron Kasco organisée par le MASA.