La 11ème édition du MASA rend un hommage spécial à Marie Rose Guiraud, artiste pluridisciplinaire. Massidi Adiatou, jeune chorégraphe, formé par la danseuse, parle ici de son modèle.
Que représente Marie Rose Guiraud, pour vous ?
Marie Rose Guiraud est une icône. Je la remercie de m’avoir inspiré il y a quarante ans à devenir un homme de spectacles. C’est une femme que tous les jeunes de ma génération voyaient danser à la télévision et à qui on voulait ressembler. Elle était l’image de la danse à l’époque. On la prenait pour un exemple et moi, particulièrement, je me suis inspiré d’elle pour garder la rigueur dans ce que je fais. Je pense qu’ensuite, j’ai travaillé et puis, trente ans après, je me suis retrouvé auprès d’elle. J’ai présenté un spectacle qu’elle a vu, qu’elle a apprécié. Ainsi, elle m’a mis sous ses ailes. C’est une femme de respect que j’admire, parce qu’elle nous a donné l’envie de réussir dans la danse. Et moi, je fais partie des gens qu’elle a inspirés et qui ont réussi.
Qu’est-ce que les Ivoiriens gardent de Marie Rose Guiraud ?
Ce ne sont pas que les Ivoiriens qui ont reçu de Marie Rose Guiraud, mais le monde entier. Cette femme a eu beaucoup de difficultés dans sa carrière. Je suis né dans ce pays, je peux en parler. Des mots très méchants lui ont été adressés, alors qu’elle formait des jeunes qui n’étaient ni ses parents ni ses enfants. Elle les récupérait dans les rues et leur apprenait à danser. Ce sont des mots durs qui pouvaient la déstabiliser, mais elle a continué à faire son œuvre, à croire en ses rêves et à nous inspirer, nous qui étions petits. Nous sommes devenus ce que nous sommes aujourd’hui grâce à elle. Il m’arrive de penser que si Marie Rose Guiraud n’avait pas existé, il y a quarante ans, moi je ne serais pas au MASA aujourd’hui. Je serai, peut-être, en train de faire de la mécanique, de la menuiserie ou je ne sais quel autre métier. Mais, la voir à la télévision dans ma tendre enfance m’a vraiment inspiré. J’ai cru en mes capacités, parce qu’il y avait en face une grande sœur. Elle était un modèle. Je bouclais à peine huit ans d’âge quand je regardais ses spectacles à la télé. Je la trouvais très jeune à l’époque. Elle incarnait une autre forme de beauté. Sa passion la possédait et elle la pratiquait avec amour. Elle ne dansait pas pour de l’argent. C’est la danse qui habitait plutôt en elle.
Le Marché des Arts du Spectacle d’Abidjan rend un hommage spécial à Marie Rose Guiraud cette année. Qu’en pensez-vous qu’en dites-vous ?
Je suis membre du comité d’organisation du MASA. Et je crois que c’est une décision importante de la biennale de 2020. C’est un hommage hyper vibrant, parce qu’elle a contribué au développement de la culture en Côte d’Ivoire et non pas que des danseurs c’est parce que Marie Rose Guiraud a existé que le zouglou existe aujourd’hui. Elle est la première personne qui a incité la jeunesse à s’intéresser à la percussion. Et quand les jeunes ont commencé à jouer de la percussion, ils ont voulu chanter. C’est ainsi que le zouglou est né. Moi, je n’ai connu que du beau et de l’esthétique chez Marie Rose Guiraud depuis mon enfance.
Propos recueillis par Hermann K. KPOKAME (Bénin)