Emouvant ! Difficile de retenir son souffle. La compagnie de danse Oshala a sorti le grand jeu à cette 11ème édition du Marché des arts du spectacle d’Abidjan (MASA). Alliage de couleurs, harmonisation de rites et rythmes, mariage de symboles et de symphonies, le patrimoine immatériel béninois est revisité. Quarante-huit minutes de déchaînement endiablé de Guèlèdè et de Zangbéto.
Le spectacle a démarré par la danse des percussionnistes, tous de blanc vêtus. Une fois saisis de leurs tam-tams et autres accessoires de musique, dans un rythme langoureux et fascinant, une reine apparaît sur la scène, la tête coiffée d’un masque que le Bénin et le Nigeria ont en partage. On sent l’approche du Guèlèdè, ce masque porté par des hommes pour célébrer les valeurs intrinsèques de la femme. Et, c’est ainsi.
La reine s’éclipse pour laisser place à quatre Guèlèdè magnifiquement parés, chasse-mouches en main, chaînes aux pieds comme pour accompagner la cadence des percussions. Des tableaux chorégraphiques captivants s’enchaînent. Avancé, reculé, tourné et retourné sur soi, bougé en cercle, les pieds toujours tapant majestueusement le sol pour faire monter l’éclat des chaînes.
Tout d’un coup, les Guèlèdè se retirent et la cadence change. Elle devient plus rapide, plus envolé et enrôlé. C’est le rythme ‘’adja’’ ou ‘’kaka’’, identitaire de certaines régions de lac du Sud Bénin. Et quand on entend cela, c’est que le Zangbéto n’est pas loin. Le vodoun Zangbéto prend effectivement possession du podium. C’est l’apothéose ! Ce masque construit comme ‘’case’’ ronde en forme conique tissée de pailles et de fibres végétales qui, sans être porté par la moindre apparence humaine, danse en tournoyant comme une toupie, et mieux, fait d’impressionnantes tours de magie. L’unique Zangbéto ‘’accouche’’ d’une succession d’êtres et d’objets aussi bien effroyables, hallucinants que plaisants.
Fortuné SOSSA