Un quart de siècle, ça se fête. Du 10 au 17 mars 2018, se tiendra à Abidjan, la 10e édition du Marché des arts du spectacle africain (MASA).
25e anniversaire du MASA: Les Caraïbes et les Usa en immersion à Abidjan
1993-2018, le Marché des arts du spectacle africain célèbrera son quart de siècle d’existence avec les diasporas afro-américaines à l’honneur. Un quart de siècle, ça se fête. Du 10 au 17 mars 2018, se tiendra à Abidjan, la 10e édition du Marché des arts du spectacle africain (MASA), l’occasion d’opérer un bilan rétrospectif et une mue prospective, après 25 printemps d’activités.
Dans le droit fil de la préparation de ce rendez-vous majeur des arts de la scène du Continent africain et de ses diasporas de par le monde, du 20 au 25 juin dernier, une équipe de professionnels et artistes d’Amérique a effectué à Abidjan, une mission d’exploration, en vue de la participation de troupes des Caraïbes et des États-Unis au 25e anniversaire de cette grand-messe du conte, de la danse, de l’humour, de la musique et du théâtre.
Conduite par le Guyanais établi à New-York (Usa), Alex Boicel, ingénieur culturel de proue et figure historique du Marché et la Ghanéenne Korkor Amateifio (Responsable de la programmation internationale du MASA), cette délégation des diasporas africaines comprenait le virtuose du Steel-Drum de Tinidad et Tobago, Dane Gulston et son alter ego de la Grenade, Debra Jean Roseann Baptiste, Sandra Bell de Brooklyn (New-York, Usa), Dr Yansie Rolston (Londres, Grande Bretagne), Donna Dove (Usa) et Dirk Harewood (Usa).
Avec le Pr Yacouba Konaté, Directeur général du MASA, et ses conseillers Zié Coulibaly (Théâtre) et Paul Wassaba (Musique), les hôtes venus d’outre-Atlantique, ont échangé avec les responsables du District d’Abidjan (membre du Conseil d’administration du MASA avec le ministère ivoirien de la Culture et de la Francophonie et l’Organisation internationale de la Francophonie), participé à des spectacles et se sont plongés en immersion à Bonoua où ils sont tombés sous le charme du Popo carnaval ont-ils sont visionné différentes éditions. Une opportunité saisie pour opérer une collaboration du carnaval J’Ouvert qui des Caraïbes aux Usa est devenu une institution annuelle des diasporas afro-américaines.
Au terme de la mission, le staff du MASA et les explorateurs afro-américains et caribéens ont fait une restitution avec les médias au siège de l’organisation à Abidjan-Plateau. Une occasion pour (re) découvrir ce qu’est ce fameux carnaval, mais aussi et surtout, le Steel-Drum.
J’Ouvert et Steel-Drums, l’âme africaine ?
J’Ouvert (prononcez « Jou-vay ») est dérivé du patois français des îles des Caraïbes et signifie « l’aube ». Il marque le début officiel (dans la nuit du lundi au matin du mardi gras), fin février-début mars, des célébrations du carnaval de deux jours à Trinité (Trinidad)-et-Tobago. A travers des tenues bariolées, des déguisements et autres maquillages et peintures du corps, le tout en musique, chants et danses, ce carnaval depuis son institution dans les ex-colonies et autres territoires esclavagistes aux Caraïbes, était l’occasion de tourner en dérision les « maîtres » Blancs et affirmer ainsi l’émancipation de l’esclavage en 1838. L’émancipation des Africains offrant alors l’occasion, non seulement de participer au carnaval, mais à l’embrasser comme une expression de leur liberté retrouvée.
Dans le même élan, pour contourner l’interdiction par les Blancs esclavagistes aux esclaves africains de jouer de leurs tambours et autres instruments qui auraient lien avec leur continent d’origine, des Noirs ont eu l’ingénieuse idée de transformer en instruments des fûts d’huile et de pétrole. Faisant naître ainsi les Steel-Drums. Un Steel-Drum ou Steeldrum, c’est-à-dire « tambour d’acier » en anglais, plus couramment appelé pan (« casserole ») ou steelpan, est un instrument de percussion idiophone mélodique. Il est originaire de Trinité-et-Tobago (Caraïbes) et répandu dans des orchestres steelbands, typiquement composés de plusieurs de ces instruments différents.
Les pans constituent donc une famille d’instruments. Ces instruments sont maintenant utilisés dans les carnavals et les fêtes d’autres régions du monde. Ils existent en différentes tailles dont le modèle ténor qui a une fonction mélodique importante dans les Steel-bands. Dont le virtuose Dane Gulston a offert une prestation de haut-vol. Sans compter l’improvisation d’un duo insoupçonné avec le saxophoniste ivoirien Isaac Kemo. Produisant, au passage, 29 notes en frappant les différents points de sa surface.
Des sessions d’initiation et/ou perfectionnement et autres collaborations sont prévues avant, pendant et après le MASA, avec en point de mire, le renforcement des liens entre l’Afrique des arts du spectacle et ses sœurs et cousines des diasporas afro-américaines.
2018, c’est maintenant !
Le MASA a été officiellement créé lors de la 2e Conférence des ministres de la Culture et de la Francophonie de l’Oif qui s’est tenue à Liège (Belgique) en 1990. Les ministres francophones réunis à cette occasion ont pris la décision de créer ce Marché pour renforcer les capacités des professionnels africains des arts vivants (musique, théâtre, danse) et permettre l’accès des productions africaines et de leurs artistes au marché international. La 1ère édition a été organisée à Abidjan en 1993. Il est devenu le 5 mars 1998 un « Programme international de développement des arts vivants ».
Structure indépendante, son siège est fixé à Abidjan après la signature d’un accord entre le MASA et le Gouvernement de la République de Côte d’Ivoire en janvier 1999. Ses objectifs sont à titre principal : le soutien à la création et à la production de spectacle de qualité ; la facilitation de la circulation des créateurs et leur production en Afrique et dans le monde ; la formation des artistes et des opérateurs de la chaine de production des spectacles ; le développement du secteur des arts de la scène relevant du continent africain et des diasporas rattachées.
L’appel à candidatures aux groupes artistiques souhaitant participer à la 10e édition marquant, faut-il le rappeler, le 25e anniversaire, lancé depuis novembre 2016 a pour deadline le 31 août 2017. Sont éligibles au titre du programme officiel, les spectacles de moins de trois ans. L’effectif du groupe, y compris l’équipe d’encadrement et le manager, ne devra pas excéder 2 personnes pour l’humour, 4 personnes pour le conte, 8 personnes pour la danse contemporaine, 10 pour la musique, 10 pour le théâtre et 15 pour la danse patrimoniale.
Le dossier de candidature devrait également présenter le spectacle, contenir une fiche technique de la scène et un courrier électronique ou par la Poste adressé au MASA. La publication de la liste des groupes retenus pour la sélection officielle est prévue pour fin octobre 2017, un modèle de dossier de candidature étant disponible sur le site internet du MASA.
REMI COULIBALY