Entretien avec Pathé’O, styliste modéliste : ‘’ Le MASA pleure Ismaël Diaby ’’
Dans le cadre de la saison 2 d’Edition Limitée, le programme d’appui au développement de carrière des créateurs Mode-Arts du textile et accessoires organisé par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), le styliste Pathé’O, qui s’occupe de son organisation pratique, a présenté pendant la MASA 2016 une collection en hommage à Ismaël Diaby, précédemment Coordinateur général du Marché des arts du spectacle africain.
Votre collection présentée à l’occasion du défilé Edition Limitée a été un hommage à Ismaël Diaby décédé récemment. Qui était-il pour le styliste que vous êtes?
Il faut rendre hommage à Ismaël. Personnellement, je ne l’ai pas beaucoup fréquenté. Mais, je savais ce qu’il faisait car nous sommes dans le même milieu culturel. A la veille de son décès, Ismaël était chez moi (le mardi 23 février) et dans la matinée du mercredi, on m’annonce son décès. A quatre jours de l’ouverture du MASA, j’avais une collection qui était déjà conçue. Mais j’ai été obligé de la transformer. J’ai été affecté par son décès. La collection que j’ai présentée lors du défilé Edition Limitée n’était pas celle prévue initialement. C’est en cela que j’ai mis l’accent sur le blanc et le noir. Ismaël représente beaucoup pour les artistes et le milieu de la culture. Il ne faut pas oublier qu’il était le coordonnateur du MASA. Quand il s’en est allé, j’imagine le vide que son absence a créé au sein du MASA. A notre niveau, nous avons démontré qu’il n’est pas mort et qu’il est toujours avec nous. Nous allons continuer de nous souvenir de lui.
Pourquoi le choix du noir et du blanc pour cet hommage ?
Pour représenter la tristesse (noir) et la joie (blanc). Il a laissé après lui tellement de choses qui représentent pour nous une joie. Il y a certes la tristesse d’un côté mais, il y a la joie d’un autre côté. Ismaël n’est pas mort pour rien.
En votre qualité de formateur pour les Editions Limitées, quels sont les enseignements que vous dispensez à vos filleuls ?
Il faut qu’ils continuent de nous faire confiance. Que la Francophonie continue d’aider les jeunes stylistes parce que la formation est la base de tout. Sans formation, vous ne pouvez rien faire. Aujourd’hui, il est rare de trouver des personnes qui soient bien formées parce que ces jeunes ne se donnent pas le temps de le faire. Les gens sont pressés d’évoluer. C’est dommage ! Nous sommes à un stade où la formation est primordiale. Sans formation, il n’y a pas d’avenir. L’OIF l’a compris et le message qu’elle nous renvoie nous rassure. Nous sommes donc prêts à continuer cette expérience avec elle.
Croyez-vous que les jeunes comprennent la nécessité de se former ?
Bien sûr. Pour ceux qui sont déjà dans le métier, ils le comprennent. Il y va de leur subsistance et de leur existence. Ils n’ont pas d’autres choix que d’apprendre, de se former et de travailler durement. Je ne vois pas d’autres voies pour atteindre un niveau et un objectif si on ne sait rien faire. Quand vous recevez par exemple dans votre atelier des clients, vous prenez conscience de votre propre niveau. Il faut être bien formé ne serait-ce que pour être à l’aise en face du client.
Parlant de la relève, quels noms vous viennent à l’esprit ?
Dans la couture, il n’y a pas de relève. On meurt la paire de ciseaux en mains, comme le dit Paco Rabanne. La mode, mieux elle vieillit, mieux elle se porte.