Cette année, le MASA a mis le paquet sur la participation des jeunes : sur scène, dans les salles, adolescents et jeunes adultes sont venus massivement. L’enjeu : susciter l’intérêt pour la culture, et se familiariser avec les disciplines.
Par Henri Michel
« C’est important pour nous de faire jouer d’un instrument à nos élèves ou de les faire venir au MASA car ça ouvre leurs esprits sur leur culture et sur celle des autres ». Ces propos de Mamblé Simon, formateur du groupe de musiciens de la fanfare de l’école Anador d’Abobo exprime à la perfection la place que cette école accorde à l’initiation à la culture à ses élèves. Le Marché des Arts et du Spectacle Africains (MASA), quant à lui, est un programme culturel dont l’objectif principal est de faire la promotion des spectacles vivants africains. Pour cette année le MASA a mis l’accent sur la jeunesse à travers la poursuite de la Zone street art dédiée aux musiques urbaines, et des ambassadeurs admirés du jeune public tels que Didi b. Ce choix se justifie encore plus car il se conforme à la volonté politique du gouvernement de faire de la jeunesse le levier principal de son action. Un plan d’action dont la communication se matérialise par le symbolique #anneedelajeunesse. Dès lors, quelle est l’importance de sensibiliser la jeunesse à la culture ? Nous sommes allés dans le cadre du MASA 2024 à la recherche d’éléments de réponse auprès d’élèves et d’encadreurs.
« Je viens au MASA pour regarder les spectacles que j’aime beaucoup ». Cette phrase, beaucoup de jeunes dont Koné Niné, élève en classe de quatrième, me l’ont ressortie. Ces jeunes dont la tranche d’âge se situe entre 15 et 21 ans viennent essentiellement au MASA pour se divertir. Leurs endroits préférés sont la Zone street art et la salle Anoumabo.
Certains d’entres eux, pratiquant de l’art dans leurs écoles et artistes amateurs au MASA, y viennent pour vivre leurs passions auprès d’un plus large public : « Quand je joue d’un instrument, je me sens bien. J’aime faire ça » nous dit Cissé Aboulaye, élève au collège Anador d’Abobo. Il poursuit en expliquant : «Jouer devant tous mes camarades, me stresse un tout petit peu mais cela me plait beaucoup ; jouer au MASA me rend heureux. »
L’histoire semble être la même chez les encadreurs. Pour ceux-ci, il est important d’initier les plus jeunes à la culture. Je réussis à discuter avec un responsable d’un groupe d’élève qui m’explique que de plus en plus d’écoles introduisent dans leurs systèmes des activités parascolaires en rapport avec la culture pour inciter les jeunes élèves à la découvrir mais aussi à l’instituer dans leurs projets de vie car, dit-il « On ne sait jamais, tout le monde n’est pas fait pour réussir dans les métiers que proposent les cycles généraux. » En Côte d’ivoire, Les parcours professionnels issus d’études du cycle général sont beaucoup plus prisés que ceux qui mènent à des métiers « libéraux » comme l’art et le spectacle, pour ne citer que ceux-là. Toutefois, la tendance a beaucoup évolué aujourd’hui.
Simon Mamblé, cité plus haut, se réjouit plutôt des activités du MASA qui donnent la possibilité aux groupes amateurs d’élèves de montrer leur savoir-faire et de vivre un tant soit peu ce qui pourrait être à l’avenir le métier d’un d’entre eux.
Selon un célèbre proverbe, un homme sans culture, c’est comme un zèbre sans rayure. La culture fait partie intégrante de l’histoire d’une personne. L’enseigner, la faire voir ou la faire vivre devrait être un fait ordinaire. S’il est vrai que l’objectif premier de ces jeunes est de se divertir, il faut dire que cette lucarne qu’offre le MASA peut être utilisée pour passer un message, éveiller des consciences ou créer de la passion. Le MASA c’est bien sûr promouvoir la culture des plus grands mais c’est aussi et surtout créer de la curiosité et de la passion auprès des plus jeunes.
Téléchargez le journal du MASA – édition du 21 avril 2024
Avec les photos des stagiaires de la formation animée par le photographe Dorris Haron Kasco organisée par le MASA.