La jeune conteuse burkinabé Hanna Samira Moumoula a présenté une fable édifiante directement inspirée de la situation politique et sociale du Burkina.
Par Zouleyka Cherif
« Je viens vous parler de cette cité où la responsabilité de la responsabilisation n’a plus de responsable. » C’est avec ces mots puissants, dépeignant les réalités du peuple burkinabé, que débute le conte « Cohésion sociale » de la jeune étudiante du pays des Hommes Intègres. Les spectateurs sont bercés par le son enivrant de la voix de la conteuse et les mélodies de son guitariste… émotions et émerveillement se lisent sur les visages. Dans la salle « Petit Chapiteau », une cinquantaine de personnes passionnées de contes et d’histoires ont fait le déplacement pour profiter de ce spectacle très peu ordinaire.
Le conte raconte l’histoire d’une savane prospère, où animaux, hommes et arbres vivent en harmonie. C’est là que dresse majestueusement Tanga le Karité, un arbre généreux et dévoué. Mais parmi eux, Cactus, jaloux de la splendeur de Tanga, ourdit un plan pour le renverser. Avec des complices, il laisse la savane être ravagée par une attaque de pucerons. La savane dévastée, Cactus règne en maître. Cette histoire, tragique mais instructive, rappelle les défis et les luttes de la société burkinabé, où l’avenir est parfois incertain et précaire. Mais comme dans toute histoire, il y a toujours de l’espoir. Et peut-être, un jour, la savane renaîtra de ses cendres, retrouvant sa splendeur grâce à la résilience et à la solidarité de ceux qui l’habitent.
« Gratitude et respect à la terre » ; « Respectons la différence », la salle reprend en chœur ces fragments de phrases empreints de sens et de vérité. À travers ce conte, Samira transmet un message fort de vivre ensemble, de respect des différences, de tolérance et surtout de paix. Elle croit en la puissance des mots et en leur capacité à reméder aux maux qui affligent le monde. « Le conte peut partir d’une situation non imaginaire et véhiculer un message. »
Jusqu’à présent, la situation sécuritaire au Burkina Faso demeure préoccupante en raison de l’activité persistante des groupes armés, notamment dans les régions du nord et de l’est. Les attaques terroristes et les affrontements intercommunautaires continuent de poser des défis majeurs pour la stabilité du pays. «La situation sécuritaire, les conflits intergénérationnels et interethniques de mon pays m’ont inspirée à écrire ce texte », confie-t-elle.
Digne fille de Ouagadougou, Samira a grandi au milieu des contes et des légendes qui ont façonné son imaginaire et sa passion pour cet art. Par la magie des mots, elle compte bien apporter sa contribution en transmettant son message de paix et de tolérance. « Chacun dans sa singularité est sacré. Apprenez à vous respecter les uns et les autres, et surtout, quand on veut exceller, il faut toujours retourner à la source. »
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Avec les photos des stagiaires de la formation animée par le photographe Dorris Haron Kasco organisée par le MASA.