Le spectacle d’ouverture de la onzième édition du Marché des arts et du spectacle d’Abidjan (MASA) s’est voulu une grande fête populaire qui, en plus de mobiliser 2020 artistes dans les rues, a drainé des milliers de spectateurs devant la mairie d’Abobo, samedi 7 mars dernier. Des heures de célébration et de fête autour de l’art, mais aussi et surtout de la paix.
De Abidjan, Josué F. MEHOUENOU
Des danseurs de tous les âges, des plus petits aux plus grands, des couleurs féériques, un décor aux mille attractions et surtout 2020 artistes en mouvement sur un tronçon de deux kilomètres (carrefour Samaké/rond-point de la mairie d’Abobo). Plus qu’un simple moment de célébration d’art, «Abidjan danse parade » était aussi une commémoration populaire qui a drainé des milliers de spectateurs. « La Ronde des mondes» comme le spectacle a été baptisé, s’est voulue un moment de communion avec la population et une parade artistique fantastique que le maire d’Abobo Ahmed Bakayoko n’a pas voulu se faire conter. L’avenue dédié à ce défilé artistique spectaculaire a vu parader danseurs, chorégraphes, marionnettes, acrobates avec diverses créations. Chacun des 2020 artistes a apporté sa touche à la fête par son génie. Un vrai mélange d’art, de musique urbaine et traditionnelle, de chorégraphie, de stylisme, de body painting, de graffiti et même de technologie. Pour ce premier «Abidjan danse parade », organisateurs et artistes n’ont pas lésiné sur les moyens. Chacun a sorti le grand jeu et mis son génie à l’épreuve pour une parade au final fort appréciée.
Pendant plus de quatre heures d’horloge, la locomotive du MASA, comme on l’a appelé a déployé par wagons successifs, un spectacle admirable dans une symbiose et une maitrise du jeu d’acteur tel que le public en redemandait à chaque fois. Mais le meilleur aura été gardé pour la fin, avec le passage du géant d’Afrique, le Tchangara.
Une géante marionnette de dix mètres de haut dont le passage n’était pas seulement ludique. Le grand personnage dont l’entrée triomphale a reçu un standing ovation était venu délivrer un message sur la paix. Un autre coup de génie auquel les concepteurs ont associé le morceau Je vous demande pardon d’Alpha Blondy. Ceci pour laisser un message fort. Et c’est bien ce que fera le Tchangara, jambes croisées. «Combien de chemins l’homme doit-il emprunter avant de devenir sage… la réponse est soufflée par le vent », enseigne le sage de circonstance du haut de ses dix mètres de haut. «Combien de fois l’homme peut-il détourner la tête et prétendre ne pas voir la misère… la réponse est dans le vent », enchaine à nouveau la géante marionnette sous le silence des milliers de spectateurs. Son exhortation, c’est qu’il faut surtout écouter les « peuples affamés ».
Message de paix, relayé par un hymne à l’ambiance, le morceau Abidjan faro du groupe Espoir 2000. Ce morceau mobilise à nouveau autour du géant Tchangara, les 2020 danseurs, mais aussi et surtout un public surchauffé qui n’a rien raté de ce moment inédit d’art et de célébration de la culture africaine. Il faut souligner que les 2020 artistes proviennent de tous les quartiers d’Abidjan. Ils ont été constitués dans des groupes de 50 à 100 danseurs, entraînés par les grands noms de la chorégraphie ivoirienne sous la direction artistique de Massidi Adiatou et Baba Touré ; accompagnés de Soro Badrissa.