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Musiques et cultures urbaines : Il y a 35 ans, la fièvre du hip-hop à Paris comme à Abidjan !

L’édition 2020 du MASA aura, entres autres innovations et attractions, son aire dédiée aux musiques et cultures urbaines dont le hip-hop est en ligne de mire. Aussi, à la faveur d’une récente diffusion sur la chaîne Arte, incombe-t-il de partager plus de trois décennies d’une passion en décibels et pas de danse que cette émission a distillée.

Sidney raconte “La vraie histoire de H.I.P. H.O.P.”, l’émission-culte

« La Vraie Histoire de H.I.P. H.O.P » réunit pour la première fois toute l’équipe de l’émission pour raconter l’histoire à la fois drôle, inspirante et totalement chaotique de sa naissance avec des images d’archives. Des artistes hip-hop d’hier et d’aujourd’hui acclament cette émission qui a changé leur vie et déterminé la carrière de beaucoup d’entre eux. A quelques mois du prochain MASA, il nous est apparu opportun de revenir sur cette émission-culte de la télévision française, qui a eu, juste une année après, son pendant africain, ivoirien, avec à la manœuvre Yves Zogbo Junior.

Une culture urbaine exportée des USA, qui a inondé le monde entier à l’aune de la démocratisation vertigineuse du petit-écran et, par ricochet, de ce qu’on pourrait appeler : la médiacratie. De quoi donner, encore une fois, force de vie au thème du MASA 2020 : « L’Afrique-Monde ». Car, né dans les ghettos new-yorkais dans les milieux noirs, le hip-hop passera, très vite de sous-culture marginale, à une véritable culture urbaine universelle. Retour sur 35 printemps qui ont irisé la planète musique, média et style de vie.

En 1984, en effet, Sidney animait la première émission de télé 100% hip-hop. Sur le plateau, les pionniers du mouvement convertissaient la nouvelle génération. A l’occasion de la sortie d’une série consacrée à “H.I.P. H.O.P.”, retour aux sources d’un programme-clé. Ils retracent les pas de certains artistes français devenus aujourd’hui des stars du hip hop en France. La vraie histoire de HIP HOP se présente sous la forme d’une série documentaire de 10 épisodes.

Les « anciens » s’en souviennent avec émotion. A partir de janvier 1984, chaque dimanche après-midi sur TF1, Sidney débarquait sur le plateau avec son look de B-Boy new-yorkais parfaitement maîtrisé – lunettes intergalactiques, casquette et jogging stylés inclus – avant de lancer « Bonjour les frères et sœurs ! ». Un générique coloré, des beats synthétiques, et six lettres, désormais cultes : H.I.P. H.O.P. (prononcez « ache-i-pé ache-o-pé »). Durant 14 minutes, dans un décor minimaliste fait d’échafaudages, de murs tagués et d’un cercle dessiné sur le sol, Sidney Dutheil (29 ans à l’époque), faisait découvrir le rap, le break-dance et le smurf, le graffiti et le scratch à la France de François Mitterrand.

Première émission entièrement consacrée à la culture hip-hop et présentée par un animateur noir, H.I.P. H.O.P. devient le passage obligé de tous les pionniers américains du mouvement. Le public survolté, des gamins de toutes origines âgés de 7 à 16 ans, voient défiler sur le plateau Afrika Bambaataa, Sugarhill Gang, les breakers du Rock Steady Crew, Herbie Hancock, le DJ DST, Kurtis Blow, et même Madonna. Un véritable ovni télévisuel stoppé en pleine gloire par TF1 en décembre 1984, au terme de la première saison. Suffisant pour faire entrer le hip-hop dans les foyers français et installer Sidney comme un solide ambassadeur. A l’occasion de la sortie de la web-série La Vraie Histoire de H.I.P. H.O.P. réalisée par J.O.E. l’Extraterrestre (diffusée sur Arte Creative), Sidney revient sur les coulisses de ce programme mythique.

Plus de trente ans plus tard, Sidney n’a pour autant aucun regret. Après une nouvelle émission musicale intitulée Code d’amour, arrêtée prématurément, il s’éloigne des plateaux télé pour retourner derrière un micro de radio. A 64 ans, si l’animateur garde un œil aiguisé sur la nouvelle scène rap, il continue néanmoins à porter haut et fort le message positif du rap old school. « Je ne voulais plus me retrouver à table avec des cadres en costard qui essayaient de me mettre dans une case à la télé. J’ai claqué la porte au bout de six mois, mon téléphone n’a plus jamais sonné après ça. Aujourd’hui, le hip-hop est là où il doit être. Ce n’était pas une mode. Maintenant, je préfère voir Drake qui distribue son argent dans la rue, ou un Kendrick Lamar qui porte des messages profonds, que PNL qui fume des joints en haut de la tour Eiffel. Je me souviens qu’après H.I.P. H.O.P., j’avais proposé une émission de découverte rap à Skyrock. “Le rap c’est fini”, m’avaient-ils dit… Ils se sont bien trompés ! ».

L’idée de la réalisation de cette série documentaire vient de Joseph Cahill. Ce New yorkais du Bronx vivant à Paris, a eu l’idée de contacter Sidney et ensemble ils ont retracé la vraie histoire de l’ émission H.I.P H.O.P en se plongeant dans les archives de la première émission au monde dédiée au hip hop, diffusée et présentée par Sidney en 1984 sur TF1.  On y retrouve des artistes comme Gilbert Montagné, Soprano, Oxmo Puccino, Mathieu Kassovitz, Solo, Soprano, Doc Gyneco, Dee Nasty, Black M, pour ne citer qu’eux…

Abidjan City Breakers ou ACB, pionnier en Afrique francophone

Né en 1985, c’est-à-dire, juste une année après l’émission-culte de Sidney, Abidjan City Breakers (ACB), apparaît comme le précurseur du mouvement hip-hop en Afrique. Du moins francophone subsaharienne. Une décennie avant des groupesb tels que Positive Black Soul (PBS). Et ce,  alors qu’Yves Zogbo Junior, rentré à peine de France lance la  lucarne Zim Zim Flash, dans la mythique émission Nandjelet de Roger Fulgence Kassy sur la RTI. Leur premier maxi-single d’ACB, tout aussi, le premier du genre dans le rap africain francophone, sort ce même été. Le groupe est constitué de Shalamar, Franky, Pacôme et de Junior. Qui, comme bien des jeunes gens des décennies 70 et 80, avaient été saisies de la fièvre du disco et du déferlant funky. Le groupe va dominer la scène hip-hop quasi inexistante à cette époque-là et susciter des vocations.

Des joutes du Coco-Disco au Théâtre de la Cité, à Cocody, comme des prouesses d’un certain Ziké au Palis des sports de Treichville, bien des férus des musiques urbaines s’en souviennent avec emphase.

REMI COULIBALY

Commentaires (2)

  1. Répondre
    Gnepo Marius says:

    cool! Yves Zogbo Junior Fils de Sylvain Bailly Zogbo Alias Kakedine journaliste et directeur du Cpap (ancetre de l’ISTC)fraichement rentré de france avec un diplome d’ataché de presse s’est essayé à la musique avant de se lancer dans l’animation avec la rage d’imposer HIP HOP en Cote d’IVOIRE….

    • Répondre
      admin says:

      Bonjour Gnepo Marius
      Comment je peux vous aider ?

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